La danse et l'église

Depuis les débuts de l’humanité, les hommes ont exprimé leurs sentiments par des chants et des danses. Pour la plupart des peuples, les danses furent religieuses, mystiques ou magiques : signe d'adoration, de dépendance, de reconnaissance.

Comme le chant, elle se présenta donc naturellement à l'esprit des premiers chrétiens comme un moyen d'animer leurs fêtes, de rendre leur culte plus imposant.

Mais la situation évolua au IVe siècle avec Basile le Grand, évêque de Césarée, qui approuva la danse dans les églises et dans un de ses sermons il exalta même la vie chrétienne comme une danse. Toutefois il était scandalisé par la sensualité qu'il voyait dans les danses de Pâques et critiqua les danses des femmes en ces termes très vifs :

Rejetant le joug du service du Christ... elles... attirent effrontément l'attention de tous les hommes. Les cheveux dénoués, sautillantes et court vêtues, elles dansent avec des regards lascifs et des rires bruyants ; ... elles transforment les lieux sacrés en scène de luxure.

Pendant les mille ans qui ont suivi, les autorités de l'Eglise menèrent un combat désespéré : siècle après siècle, évêques et conciles rendirent des arrêts contre différentes formes de danses et chants dans les églises et dans leurs enclos. Mais danses et chants persistèrent et nombreuses furent les églises où les clercs, ou même toute la communauté, exécutèrent des danses, surtout à Noël et à Pâques.

Nous allons, pour les danses ecclésiastiques, voir la situation aux XIIe-XIIIe siècles ; puis nous intéresser aux deux danses les plus célèbres : la Fête des sous-diacres (ou Fête des fous) et la « danse d’Auxerre ».